A l’occasion de la troisième saison du parcours « Ecrire et éditer son histoire de vie » (atelier préparatoire le 14 février 2023), nous avons rencontré Catherine Lecamus. Après avoir suivi l’atelier-formation qui s’est déroulé à Saint-Jacut, elle termine actuellement l’édition de son livre avec Bayard Service, le partenaire d’Aleph-Écriture. Elle nous raconte comment elle a vécu cette expérience d’écriture.
L’Inventoire : Sur la quatrième de couverture de votre livre, je découvre que vous avez plusieurs enfants, êtes notamment « ex-enseignante », et vous définissez comme ex « sans histoire ». Est-ce pour la retrouver ou pour la transmettre à vos enfants que vous avez entrepris ce travail autobiographique ?
Catherine Lecamus : Je l’ai entrepris pour transmettre à mes enfants une histoire que je gardais au fond de moi sans jamais l’avoir racontée.
L’Inventoire : La transmission de votre histoire familiale était-elle une nécessité pour vous, et était-ce une demande de vos enfants ?
Un de mes enfants m’en avait fait la demande il y a plus de dix ans. Je n’étais pas prête alors à raconter. C’est devenu une nécessité il y a deux ans. Peut-être en raison du temps qui passe…
L’Inventoire : Aviez-vous suivi des ateliers d’écriture avant celui-ci ?
Catherine Lecamus : Je suis une inconditionnelle d’Aleph. Voilà une vingtaine d’années que j’écris avec eux. Je crois que j’ai fait l’ensemble des ateliers proposés à une époque. Lorsque j’ai changé de région, j’ai dû interrompre les ateliers d’écriture. Mais les stages dans ma région et l’accès à distance ont tout changé, je peux à nouveau participer aux propositions d’Aleph. J’ai testé d’autres ateliers d’écriture, mais Aleph correspond à ce que je recherche en qualité et compétences.
L’Inventoire : L’atelier est composé de modules abordant des angles différents du récit biographique. Quel module vous a permis de trouver le fil pour déployer votre histoire ?
Catherine Lecamus : C’est une invitation d’Aleph à écrire un récit de vie en partenariat avec les éditions Bayard qui m’a décidée. Cette opportunité s’est effectuée à l’abbaye de Saint-Jacut-de-la-Mer, résidence ô combien vivifiante pour un tel projet.
La formation était animée par Mme Michèle Cléach, dont j’avais pu noter les compétences lors de la présentation du module sur le site. La qualité de l’animation, les exercices proposés m’ont permis de trouver le fil, car je ne savais pas par où commencer.
L’Inventoire : Avez-vous cherché des témoins ou des traces matérielles qui auraient éclairé votre parcours : lettres ou albums familiaux ?
Catherine Lecamus : Il y a quelques années, j’avais fait une recherche de documents administratifs tels que les actes de naissance et de décès, mais je me suis surtout servie de photos. Les photos racontent beaucoup de choses et sont un excellent stimulant de la mémoire.
Tout concourt à vous emmener au bout du chemin.
L’Inventoire : Que vous ont apporté les propositions d’écriture et l’écoute du groupe formé par les participants pour travailler à votre récit ?
Catherine Lecamus : Les propositions d’écriture m’ont permis de trouver la trame à suivre pour écrire.
Par exemple, je pensais faire un récit chronologique et linéaire au départ, idée que j’ai vite abandonnée pour procéder par thème, ce qui m’a ouvert des portes vers des pièces que je n’aurais pas explorées.
L’animatrice a été indispensable dans ce cheminement, mais aussi les retours du groupe, qui écoute avec bienveillance et sincérité, pour vous faire avancer. Très important, le groupe. On arrive avec un projet, on a des idées préconçues, que l’on quitte au fur et à mesure de l’écriture pour adopter d’autres idées.
La vie du groupe veut ça. Les techniques proposées ont été prépondérantes. Cela m’a amenée à reconsidérer comment parler des personnes dans mon histoire. Tout concourt à vous emmener au bout du chemin.
L’Inventoire : Quelle a été la réception de ce livre auprès de vos enfants ?
Catherine Lecamus : Mes enfants vivent dans d’autres régions et je ne les verrai qu’en cours d’année. Je tiens à leur remettre le livret en main propre.
L’Inventoire : Puis-je vous demander de livrer au lecteur la première phrase de votre livre ?
Catherine Lecamus : Ce récit est destiné uniquement à mes enfants, l’histoire commence par une lettre à leur intention. Aucun autre lectorat ne peut en avoir connaissance, même si ce n’est qu’une phrase.
L’Inventoire : Le meilleur souvenir de cette formation ?
Catherine Lecamus : Je crois que c’est la dernière ligne droite, quand la fin du séjour arrive. Que l’on est en train de faire une ultime relecture avec les participants et l’animatrice. On entend une mouche voler dans la salle. On dit que la relecture est fastidieuse, mais il y a ce point final que l’on va poser pour aboutir.
On l’a rêvé, on a été tantôt confiant, tantôt sceptique et c’est enfin arrivé. Lors de la dernière relecture avec le groupe, animatrice comprise (oui, au début c’est le groupe et l’animatrice, à la fin l’animatrice et le groupe font un), lors de la dernière relecture avec le groupe donc, on sait que c’est gagné, même si on reprend encore chez soi en vue de l’édition.
Merci Catherine.
Crédits photographiques, photo de couverture : Créteil, 1960