Cette semaine, Martine Leroy-Rambaud vous propose d’écrire à partir du texte de David Léon Un jour nous serons humains (Éditions Espaces 34, 2014). Envoyez-nous vos textes (un feuillet standard ou 1 500 signes maxi) jusqu’au 15 juin à l’adresse <atelierouvert@inventoire.com>
Extrait
; et car j’ai dit arrêté net là / stoppé net là / j’affirme désormais que nous avons davantage d’éléments en commun qui — nous séparent — qui nous isolent — qui nous scindent — les uns les autres que d’éléments en commun qui nous rassemblent les uns les autres ; et car il est temps j’ai dit que nous parlions enfin de tous ces éléments en commun qui — nous séparent — qui nous isolent — qui nous scindent — les uns les autres au lieu qu’ils nous rassemblent j’ai dit et non j’ai crié nous ne sommes pas humains un jour nous serons humains j’ai crié ; arrêté net là / stoppé net là / je regardais littéralement subjugué l’apparition de ces crevasses dans les nuages le dévoilement de ces trouées des plaies j’ai crié cautérisées par le soleil ; arrêté net là / stoppé net là / je regardais le déploiement de ces champs et j’ai dit n’écoutant alors rien d’autre que les vents traversant ces coteaux sur la pente ;
Proposition
Un jour, dans un hôpital psychiatrique, David Léon entend une femme dire en prenant le ciel à témoin : « Un jour je serai humaine ». Le texte de la pièce est né de cette phrase.
Je vous suggère de vous rappeler un moment de colère, d’indignation, d’injustice. Que ce moment soit récent ou dans l’enfance. Que vous en soyez l’acteur ou le témoin. Que cette expression s’adresse à un tiers, à des tiers, à l’humanité entière ou à vous-même. Ou aux éléments naturels.
Ensuite, vous raconterez ce moment. Le texte sera fait pour être dit. Vous (vous) le lirez à voix haute avant d’en envoyer la version définitive à l’Inventoire (souvenez-vous : 1 500 signes ou 1 feuillet standard au maximum!).
Lecture
Né en 1976, David Léon est auteur dramatique et comédien (conservatoire de Montpellier, puis conservatoire national de Paris). Il a publié plusieurs textes aux Éditions Espaces 34, notamment Sauver la peau, Père et fils et Un batman dans la tête créé en 2014 à Montpellier.
Un jour nous serons humains a été donné à Avignon en 2014. L’écriture a mis du temps. Elle est intervenue au moment où nous parvenaient les images de la guerre en Syrie. « La thématique du texte, explique David Léon, c’est la violence, la répétition de la violence, entre eux, envers les autres et envers la nature. La catastrophe est démultipliée, les hommes et la nature sont détruits. Le constat de la destruction est là et j’ai misé sur le fait que la parole pouvait restituer des images. »
Tout le texte, assez court mais très dense, porte sur notre capacité à être et à rester humains. Il est traversé par des images très fortes. Des films, des vidéos, des images apparaissent, très charnelles, visions quasi apocalyptiques avec, en contrepoint, un homme ou une femme debout, planté là, qui prend la parole et s’adresse à d’autres. Qui les invective. Les harangue. Les supplie. Le texte est parfois suffocant. Le langage avance en circonvolutions, en incantations ; on pourrait dire que le texte tournoie, comme un derviche, interpelant les oiseaux qui tournoient, eux, dans le texte.
L’épigraphe du livre est de Gilles Deleuze : « L’écrivain est responsable devant les animaux. Écrire non pas pour eux, mais écrire à la place des animaux qui meurent ».
Pour en savoir plus :
Martine Leroy-Rambaud conduit des ateliers d’écriture pour Aleph-Écriture à Angers, notamment un atelier ouvert au Quai. Son prochain stage, intitulé « Écrire autour du vin », aura lieu à Chalonnes-sur-Loire au cours du week-end des 11 et 12 juin 2016.