Cette semaine, Arlette Mondon-Meycensas vous propose d’écrire à partir du récit « Archipels », d’Hélène Gaudy, (Editions de L’Olivier, 2024), et d’imaginer un lieu en lien avec un personnage réel ou fictif.
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Archipels, Hélène Gaudy, L’Olivier (2024)
En regardant une carte de géographie Hélène Gaudy découvre une ile située en Louisiane dans le Delta du Mississipi. Elle aperçoit ce morceau de terre sur le point de disparaître englouti par la hausse du niveau des océans. Cette île porte un nom Jean-Charles, il résonne étrangement à ses oreilles : c’est le même nom que celui de son père.
La découverte de cette ile en même temps que sa disparition prochaine conduit l’autrice sur chemins de l’évanouissement, de l’oubli. L’île de Jean-Charles, ouvre les pensées de Hélène Gaudy vers ce père mystérieux qui se dit sans souvenir, homme à « la présence tranquille, jamais interrogée. »
C’est avec un sentiment d’urgence, qu’Hélène Gaudy demande à son père de lui ouvrir les portes de son atelier à Paris, lieu qu’il n’investit plus, fatigué par le temps. Il lui confiera les clés de son antre et pour découvrir ce père qu’elle connaît si peu elle se lance dans ce projet singulier, interroger ses objets, ses souvenirs. Peintre, poète, collectionneur compulsif. Jean-Charles dit préférer les souvenirs des autres aux siens. Dans le fatras de son atelier s’accumulent une multitude d’objets glanés sur les marchés et récupérés dans la rue pendant plusieurs décennies : des bocaux remplis de sable, des masques africains, des statuettes anciennes…Toutes ces montagnes d’objets hétéroclites, empilés, Hélène Gaudy les relie à son père. Devant ses yeux s’ouvre une constellation d’objets qui font une vie. Lettres, carnets, photos conduiront la narratrice sur d’autres lieux : Caen, Oran, le mystérieux « Muzainville » Chartres… découvrant ainsi la géographie intime de Jean-Charles.
Extraits :
Les objets forment des familles : la grappe des grelots, le groupe des animaux en terre, des circuits électriques, des ciseaux géants et des boites en bois, l’ensemble bigarré de billes -les miennes ?… La montagne de chausse pieds, la tribu des gouges, la confrérie des brosses, l’empilement des tickets de métro, d’exposition, de cinéma. J’en saisi un, en fait tomber une bonne dizaine, tente de les glisser de nouveau parmi leur semblable, mais ça ne rentre pas quelque chose résiste, lui seul a le pouvoir de modifier son agencement.
De nombreux objets possèdent leur double, leur jumeau, leur frère et s’il n’en ont pas, il leur en trouve un, issu d’une autre famille. Mon père cet enfant unique a passé sa vie à fabriquer cela : des familles nombreuses et disparates, des familles de bric et de broc qui augmentaient la nôtre et accueillaient de nombreux amis qui ont croisé sa route et ne l’on jamais lâché veillant aussi sur mon enfance comme autant d’entités rassurantes…
S’ils étaient des piliers de cette joyeuse bande, troncs cachés dans l’ombre qui relient les branches, mes parents me semblaient bien moins originaux que la plupart de leurs amis…
A l’abri de ce mélange de discrétion et de normalité, mon père faisait fructifier ses créations et ses manies. Il avançait sous couverture. Et moi qui ne l’ai jamais vu vieillir, qui ne l’ai jamais vu changer, qui ne l’ai jamais vu, sans doute comme il était, voilà que je le découvre si tard sous la forme d’un lieu.
Proposition d’écriture :
Je vous propose d’imaginer un lieu en lien avec un personnage réel ou fictif.
Décrivez ce lieu, ou se situe t-il, quel est-il ? sur quels statuette, photo, outil, bijoux, carnets, aquarelles ou autre objet le regard du narrateur s’arrête ? Puis vous allez interroger ces objets, tirer le fil qui vous fera remonter à l’écheveau des souvenirs enfouis de votre personnage.
L’auteure :
Hélène Gaudy est née en 1979 à Paris. Elle a suivi une formation artistique à l’Ecole nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art puis à l’Ecole des arts décoratifs de Strasbourg. Elle est aussi autrice.
Elle rejoint le collectif Inculte crée en 2004 autour d’un noyau d’auteursdont François Bégaudeau, Mathias Enard, Maylis de Kerangal… Son premier roman Vues sur la mer figure dans la deuxième sélection du prix Médicis 2006.
Autrice pour la jeunesse, elle anime également des ateliers d’écriture. Ce dernier roman a fait partie des quatre finalistes du Goncourt 2024. Archipels est un roman qui fait voyager avec sensibilité et délicatesse dans les méandres des relations d’une fille avec son père et explore le mystère de ce qui se transmet en silence.
A.M.