Cette semaine, Laurence Faure vous propose d’écrire à partir de « À l’est des rêves » de Nastassja Martin (Editions Les empêcheurs de penser en rond, Sept. 2022). Ecrivez un rêve pendant la période de Noël.
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Vous pouvez poster vos textes (1500 signes maximum) sur Teams Inventoire jusqu’au 2 janvier 2023. (En format Word uniquement, interligne 1,5, caractère 12).
L’Auteure
Nastassjia Martin est anthropologue et a déjà publié plusieurs ouvrages dont un, très remarqué, Croire aux Fauves, aux éditions Verticales en 2019, prix Sommer 2020, qui racontait un événement bouleversant vécu en 2015 : sa rencontre avec un ours qui l’attaque au visage.
Dans « À l’est des rêves », à la fois récit et réflexion argumentée, où les rêves performatifs et les histoires mythiques répondent aux politiques d’assimilation comme au dérèglement des écosystèmes, l’autrice fait dialoguer histoire coloniale et cosmologies autochtones, en restituant leurs puissances aux voix multiples conférant au monde sa vitalité.
Nous sommes au Kamtchatka, chez les Even, peuple nomade éleveur de rennes, qui fut sédentarisé de force sous l’Union Soviétique. Quelles manières de vivre les Even d’Icha ont-ils réinventées, pour continuer d’exister dans un monde rapidement transformé sous les coups de boutoir de l’extractivisme et du changement climatique ?
Livre dense et passionnant, il fait voyager et découvrir culture et espace, tout en nous interrogeant sur notre propre rapport au monde.
Extrait
« C’est le début du mois de septembre, la toundra a viré au jaune et les feuillus oscillent entre les tons ocre et orangés. Le temps est doux, le ciel sans nuages depuis plusieurs jours. Avec les femmes et les enfants nous dormons encore dans l’at’ien (sorte de hutte), les petites heures du matin sont fraîches, je rallume le feu vers quatre heures.
En sortant des couches, j’ai laissé entrouvert le voile qui nous coupe du foyer et nous protège des moustiques. A la lueur des flammes qui commencent à consumer le bois, je vois le visage assoupi de Daria, cela bouge sous ses paupières, sa respiration est rapide. Je me dis qu’elle rêve. A l’aube, je la questionne, elle me répond dans une murmure.
Cette nuit j’ai volé avec elles. J’ai vu les oies partir, j’ai fait un bout de chemin dans le ciel à leurs côtés avant de revenir. Le temps va changer, l’hiver arrive. Il faut se préparer. »
(pages 164-165. A l’est des rêves – Réponse even aux crises systémiques. EditionsLes empêcheurs de penser en rond, sept. 2022).
Proposition d’écriture
Nous sommes au fin fond de la toundra russe dans le grand nord, à des heures de toute route cartographiée, juste avant l’arrivée des premiers froids. Au petit matin, plusieurs membres d’un clan even, un peuple qui vit en contact avec les éléments, la nature et les animaux, sont réunis dans l’at’ien, l’espace commun.
La narratrice, qui les suit et vit avec eux, observe Daria, la matriarche du groupe. L’invisible, et plus particulièrement les rêves, sont très importants pour les Even (ils portent une dimension chamanique, prédictive). Grâce au rêve de Daria, ils vont effectivement se préparer à partir pour s’installer dans un lieu plus approprié.
Je vous propose d’écrire une scène à la première personne où la narratrice/le narrateur regarde un personnage en train de dormir. Il/elle nous décrit où il est, l’état de son corps, ses mouvements, le lieu dans lequel il/elle se trouve et comment les autres personnages figurent par rapport à lui/elle.
Puis intercalez la phrase de l’extrait « Je me dis qu’il/elle rêve. A l’aube, je le/la questionne, il/elle me répond…» et déployez alors le rêve qui habitait votre personnage pendant son sommeil, rêve fondateur de la suite du jour ou de sa vie.
Le tout en un texte de 1500 signes (espace inclus) !
