Duras Song: Portrait d’une écriture au Centre Pompidou

A l’occasion du centenaire de la naissance de Marguerite Duras, la bibliothèque publique d’information du centre Pompidou (bpi) et l’institut Mémoires de l’édition contemporaine (iMec) s’associent pour lui rendre hommage. A travers l’exposition d’une masse impressionnante d’archives et de manuscrits originaux, cet événement est aussi l’occasion de relire son oeuvre et d’assister à la projection de l’ensemble de ses films.

Pensée par Thu Van Tran, plasticienne et directrice artistique avec Jean-Max Colars, critique d’art, l’exposition s’articule en deux espaces « Inside » et « Outside », livrant ainsi un double portrait de l’écriture de Duras.

IMG_7631Côté « extérieur », ses prises de position dans la vie publique, déroulées comme sur un mur de protestation scandant les slogans: « Quand j’étais sur le dehors » / 1960-80 « Les sorcières les parleuses… Côté « intérieur », des pages de manuscrits rythmées de corrections souvent colorées pour les scénarios, annotées d’entre bleue pour les romans.

Thu Van Tran, la scénographe de l’exposition souligne : « Il y a entre l’écrit, l’image, le son et l’espace, une certaine collision qui fait sens dans l’œuvre de Duras  et que l’on a tenté de reproduire dans l’exposition ».

Pour organiser ces transitions fluides, c’est le bleu de méthylène utilisé pour tacher les livres destinés au pilon qui sert de fil conducteur. C’est lui qui relie l’Inside et l’Outside, voguant des bleus du Mékong à ceux de la Manche, en passant par le méthylène pur des livres sacrifiés, autour de la structure reconstituée du Hall des Roches Noires, l’ancien hôtel d’où Marguerite Duras aimait contempler l’horizon à Trouville.

IMG_7624« Inside », l’exposition nous invite à un parcours ponctué de tables lumineuses qui s’allument et s’éteignent au gré de notre passage, tandis que la projection d’extraits de films nous rappelle le rapport incessant opéré dans l’œuvre de Duras entre la voix, et le rythme même de sa parole; qui, au fil de ses livres s’incarne jusqu’à rejoindre le surgissement de sa pensée.

On y trouvera des pièces jamais exposées comme ce pêle-mêle regroupant des photos familiales ou les premières notes du scénario d’Hiroshima mon amour. Et quelques pages du manuscrit Ecrire.

«  Ecrire c’est aussi ne pas parler. C’est se taire. C’est hurler sans bruit. C’est reposant un écrivain, souvent, ça écoute beaucoup (…). Parce qu’un livre c’est l’inconnu, c’est la nuit, c’est clos, c’est ça. C’est le livre qui avance, qui grandit, qui avance dans les directions qu’on croyait avoir explorées, qui avance vers sa propre destinée et celle de son auteur, alors anéanti par sa publication : sa séparation d’avec lui, le livre rêvé, comme l’enfant dernier-né, toujours le plus aimé ». Marguerite Duras « Ecrire » (1993)

Ecrire est un livre lui-même issu de la rencontre de Marguerite Duras avec Benoît Jacquot à l’occasion du tournage du film tiré du texte de Duras « La mort du jeune aviateur anglais ».

DIMG_7632ès le 28 novembre et jusqu’au 20 décembre 2014, le Centre Pompidou propose également de redécouvrir l’œuvre de Marguerite Duras cinéaste à travers une rétrospective intégrale. Dix-neuf films réalisés entre 1966 et 1984 explorent cette autre langue dont la charge inventive n’est pas loin de celle de Jean-Luc Godard…

L’ exposition Duras Song se déroule jusqu’au 12 janvier 2015 à la Bpi, mais plus que quelques jours pour voir ou revoir les films de Marguerite Duras!

Danièle Pétrès

 

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