Douglas Kennedy a écrit treize romans et deux recueils de nouvelles. Entre thriller et drame romantique, il se plait souvent à installer un homme au cœur de la tourmente. La fuite constitue alors son seul remède à l’amertume née de la faillite du couple.
Provoquées par un drame, une prise de conscience ou le hasard, les romans de Douglas Kennedy mettent en scène des hommes, rarement des femmes, qui décident de tout recommencer ailleurs, pour tenter d’atteindre la vie qu’ils s’étaient promis de vivre sans oser la choisir au départ. C’est le cas notamment dans ses premiers romans à succès, en France : « L’homme qui voulait vivre sa vie » (1998) , « Les désarrois de Ned Allen » (1999), et « La poursuite du bonheur » (2003).
Quiconque aime les livres de Douglas Kennedy, trouvera dans « Toutes ces grandes questions sans réponse » la « boite noire » de ses romans. Conçu comme un essai autobiographique, ce récit revient sur son histoire familiale, en particulier le départ sans cesse ajourné de son père, qui ne s’est pas résolu à fuir son mariage pour choisir une autre vie. Bien que Douglas Kennedy ne le comprenne vraiment qu’à la mort de son père, ce scénario est pourtant le point de départ de la plupart de ses livres : le départ salvateur de ses héros à la recherche d’une seconde vie, parfois dans des conditions tragiques, leur permet de se réinventer.
Dans cet essai, Douglas Kennedy nous parle aussi de ses amis, de ses rencontres et de leurs tentatives d’accommodements avec le réel, afin d’évoquer les questions qui se posent au cours d’une vie, dont celle qui demeure obsédante « Sommes-nous les victimes où les artisans de notre infortune ? ».
Ce témoignage devient ainsi au fil de sa lecture, le manifeste d’un bonheur raisonnable, conscient, et de moins en moins fugace.
Il ne s’agit pourtant pas là de recettes miracle pour « être heureux », mais de l’acceptation de voies alternatives pour négocier les tournants difficiles, évoqués vers la fin du livre, avec cette question « S’initier au patin à glace à quarante ans passés : une métaphore acceptable de la hasardeuse poursuite d’un équilibre ? ».
Si Douglas Kennedy ne s’épargne pas dans cette poursuite d’un bonheur difficile, il brosse finalement le portrait d’un homme apaisé, et libre.
Tout le monde est-il capable cependant d’affronter en toute lucidité ses erreurs, ses échecs, de les accepter et de se réinventer totalement ? Cela vaut la peine de le découvrir à travers cette histoire d’amour, de solitude et de littérature.
DP
Douglas Kennedy « Toutes ces grandes questions sans réponse » (Éditions Pocket, 2018).