Christophe de Bourmont : « J’ai retrouvé la joie d’imaginer des histoires »

Christophe de Bourmont signe Libre-arbitre – Mémoires de l’ange gardien de Napoléon Ier, son premier roman publié en autoédition. Participant assidu aux formations d’Aleph-Écriture depuis 2020, il a fait naître ses personnages dans nos ateliers.

L’Inventoire : Comment résumeriez-vous votre parcours professionnel ?

Christophe de Bourmont : Après des études de journalisme et de communication, j’ai commencé dans l’audiovisuel à Paris. Une formation complémentaire à l’écriture de scénario m’a permis de participer à des séries jeunesse pour la télévision, puis de travailler sur un gros projet pour France 2. Mais, après dix-huit mois passés à développer des tas d’idées de courts-métrages, tout s’est brutalement interrompu. J’ai dû revenir vers la communication pour continuer à gagner ma vie. Cela fait maintenant vingt-cinq ans que je suis rédacteur pour des journaux d’entreprises ou de collectivités, et différents supports de communication.

Quel est votre rapport à l’écriture ?

J’ai toujours été « littéraire ». Cela tombe bien, me direz-vous : mon quotidien consiste à écrire. Oui, mais à écrire des textes sur commande. Pendant plus de vingt ans, j’ai mis sous le tapis tout ce qui concernait la production de fictions à titre personnel. J’avais pourtant envie de raconter des histoires. Mais le soir, après des heures sur ordinateur, je n’avais pas forcément le courage de continuer à jouer avec les mots face à mon écran. Et seul, c’est compliqué. À chaque fois que j’essayais, je me disais « c’est nul », « ça sert à rien ». J’avais énormément de mal à avancer. Jusqu’à ce que je découvre Aleph…

Ne plus être seul, bénéficier d’un accompagnement structuré et méthodique

C’était en août 2020. Vous avez commencé à suivre la formation générale à l’écriture littéraire. Avec quel(s) objectif(s) ?

Ne plus être seul, bénéficier d’un accompagnement structuré et méthodique, et aussi ne plus me laisser le choix. C’était une façon de caractériser cette part créative en moi depuis toujours, en m’inscrivant dans un cadre qui m’obligerait à produire. Le troisième module a été un déclencheur absolument dingue. J’ai trouvé l’animatrice, Renée Combal-Weiss, particulièrement encourageante et positive. Elle m’a permis de redécouvrir le plaisir d’écrire. Je n’étais plus dans de la pénibilité ni dans la culpabilité ou la mauvaise conscience. Tout d’un coup, j’ai retrouvé la joie d’imaginer des histoires et de les partager. Ça m’a fait un bien fou !

Est-ce là l’origine de votre roman Libre-arbitre ?

L’idée m’est venue au cours du module suivant, avec une autre animatrice : Aline Barbier. Ce jour-là, nous devions écrire à partir d’éléments autobiographiques. C’était super intéressant, mais j’étais bloqué. Je ne savais faire qu’inventer, et je ne voyais pas l’intérêt de raconter ma vie. Alors Aline m’a dit : « Prends un élément de ta réalité et emmène-le dans ton univers, fais-en ce que tu veux. » C’était une adaptation de la consigne pour déclencher l’inspiration. Ça a fonctionné !

Où avez-vous été puiser ?

Dans mon éducation. Issu d’une famille aristocrate, j’ai grandi dans la culture judéo-chrétienne et dans une tradition marquée. La notion de morale était très forte : le bien, le mal, de la culpabilité à tout va… J’ai assez vite pris mes distances avec tout cela. Libre-arbitre requestionne une partie de l’enseignement que j’ai reçu. On nous dit que les anges gardiens existent et, dans le même temps, que l’homme est libre de ses choix et de ses actes. Mais si quelqu’un est chargé de nous guider, est-on vraiment libre ? Cette contradiction m’a permis d’imaginer un personnage qui a tout de suite amusé les autres participants, et éveillé leur curiosité aussi.

Pourquoi Napoléon ?

J’ai commencé par me demander ce qu’un ange gardien pouvait ressentir en découvrant la nature humaine, et comment on pouvait se dépatouiller d’une mission pareille. Le mien étant débutant dans ce métier ingrat, façon consultant junior, je trouvais intéressant de le mettre face à quelqu’un d’ingérable. J’ai donc cherché une figure un peu archétypale et celle de Napoléon, romanesque et ultra contrastée, s’est imposée. Il a fait des choses aussi géniales qu’horribles et compte autant d’admirateurs que de détracteurs. Cela me permettait de soulever la question de la folie humaine et de l’impuissance des dieux.

À la fin de la formation, j’avais écrit 10 % du manuscrit. La synergie était telle, parmi nous, que nous avons continué à nous retrouver une fois par mois pour lire nos textes et faire des retours.

Les participants à la formation vous ont accompagné tout au long de la rédaction…

Lors du module 6, nous devions reprendre une idée qui avait émergé en atelier pour essayer d’en faire un objet littéraire. J’ai ressorti mon ange gardien ! À la fin de la formation, j’avais écrit 10 % du manuscrit. La synergie était telle, parmi nous, que nous avons continué à nous retrouver une fois par mois pour lire nos textes et faire des retours. Cela oblige à garder un rythme et à rester attentif à la cohérence. Quand plusieurs personnes vous disent que tel passage est bancal, il faut le retravailler. C’est extrêmement aidant. Sans le groupe, j’aurais pu me perdre ou me démotiver.

Pourquoi avoir choisi l’autoédition ?

J’ai envoyé mon manuscrit à une vingtaine d’éditeurs. Au bout de quelques mois, j’avais reçu une moitié de réponses négatives et une moitié de non-réponses, ce qui équivaut à un refus. Je savais que ce serait compliqué avec un premier roman et un sujet aussi original. J’ai quand même essayé. Je me disais que cela me donnerait le statut d’auteur, ma légitimité de romancier peut-être. Le temps passant, j’ai compris que le plus important pour moi était de faire exister ce récit, même de façon artisanale. Il prendrait vie et je pourrais le diffuser. En fait, j’avais surtout besoin de le partager.

Avez-vous d’autres projets en rédaction ?

Un tiroir plein ! Le module de Renée Combal-Weiss m’a donné envie de constituer un recueil de nouvelles. J’avance et cela m’amuse beaucoup, les retours du groupe me sont toujours aussi utiles. J’ai par ailleurs un nouveau projet de roman. Une idée vieille de trente ans que je me sens enfin capable d’attaquer…

Le livre est en vente sur le site Librinova et sur les librairies en ligne (Fnac, Cultura, Babelio…), la version numérique est disponible sur les librairies en ligne.

L.M.