Les éditions Quadrature seront présentes lors du prochain salon : « Allons aux nouvelles » qui se tiendra à la mairie du Vésinet (78). Cécile-Marie Hadrien y présentera son recueil de nouvelles dimanche 4 juin à 15 heures.
Quadrature, créée en Belgique en 2005 édite exclusivement des recueils de nouvelles. Leurs deux derniers recueils illustrent le renouvellement attendu du genre. Qu’elles possèdent une unité de lieu, comme dans « Je vous dépose quelque part » (chacune se déroulant dans une voiture), ou une unité de temps pour « Dernière escale avant la lune » (le moment où l’on atteint le point de non retour), les nouvelles sont réunies autour d’un thème, et se répondent l’une l’autre dans une grande fluidité.
Cécile-Marie Hadrien « Je vous dépose quelque part ? ». Quadrature (2023)
Ce recueil nous embarque dès la première ligne aux côté de deux conducteurs : Gabriel et Apolline, dont les récits alternent. Grâce au covoiturage, nous découvrons au fil de ces rencontres de hasard, une idylle improbable entre un amateur d’entrecôte et une vegan, des malentendus générationels résorbés par la proximité d’un accident de la route. Paradoxes et antagonismes dessinent des modes de vies différents, réunis dans l’habitacle de conversations qui dessinent des vies le temps d’un trajet. Dans un style alerte, ce recueil plein d’humour se dévore du début à la fin.
Extrait de la 1ère nouvelle du recueil
L’alchimie du moment
« – Je suis allergique aux poils de chat.
Je me suis retenu de répliquer: C’est une chatte. Ça risquait de passer pour une blague sexiste. De nos jours, sait-on jamais ? J’aurais pu la laisser à la porte d’Orléans, tenter sa chance auprès d’un autre conducteur. Mais il pleuvait des cordes et je ne suis pas comme ça. Plutôt du genre à chercher les emmerdes.
Le panier de Lola a été emmailloté dans un plaid. J’espère qu’elle ne va pas manquer d’oxygène mais on est déjà en retard. Ce soir, c’est les quarts de finale de l’Euro et on m’attend à Lyon avec les bières. N’allez pas penser pour autant que je suis un sale macho. La blague sexiste, le foot, les copains et les bières. Plutôt du genre à me faire charrier par les autres car pas assez grande gueule.(…) Voilà, ma passagère est installée. On a convenu de laisser la fenêtre ouverte pendant tout le trajet. Tant pis pour ma consommation d’essence. Lola miaule de détresse dans son cachot. C’est parti ».
Stéphanie Mangez « Dernière escale avant la lune« . Quadrature (2022)
Dans un ton caustique mais sur des sujets plus aigus, superbement écrit : « Dernière escale avant la lune » de Stéphanie Mangez, est un modèle du genre de la nouvelle contemporaine. Des moments essentiels où bascule une vie tout en éclairant la conscience qu’on peut en avoir. Une déflagration.
Extrait :
La bourreau
« Tu as senti Amani dans ton dos. D’une voix douce, il a dit «excuse-moi, chérie». C’est à cet instant-là que tu as vu rouge. Ta respiration, telle une soufflerie qui tenterait vainement de refroidir de la lave en fusion, s’est accélérée. La poêle dans laquelle crépitaient les lardons, petits carrés de porcs frétillants dans leur jus, était à portée de main ».
Un recueil à lire absolument, construit comme une suite de variations assez sèches, rythmées, souvent drôles, à la musicalité qui n’est pas sans rappeler les Variations de Bach .
DP
Retrouvez cet éditeur les 3 et 4 juin à « ALLONS AUX NOUVELLES » !
Photo de couverture : Cécile-Marie Hadrien
