Le samedi 29 février a eu lieu la masterclass d’Anne de gelas organisée à la Maison de la poésie, et animée par Françoise Khoury. Retour sur cette rencontre.
Photographe, Anne de Gelas tient chaque jour un carnet qui devient la matrice de ses livres. Destiné à consigner l’intimité de sa pensée, elle y associe ensuite différents matériaux comme le dessin, le texte, la typographie et la photographie, en une alchimie qui n’appartient qu’à elle. L’ensemble de son travail reposant sur sa vie, il laisse beaucoup de place à la représentation de sa relation à son fils. Elle nous a parlé ce samedi matin de l’agencement de ses prises de vues en argentique, déclenchées au retardateur, laissant libre cours à l’accident ou l’aléatoire.
Je fais les choses, je ne les analyse pas. Je marche à tâtons. Pour moi, la page est juste quand elle me saute à la figure, quand parfois elle me violente.
Anne de Gelas
Les textes se développent en parallèle ou précèdent les prises de vues. Quoi que retravaillés ensuite, ils sont écrits d’un seul geste, puis traités ensuite comme un matériau selon une typographie particulière, en relation avec la thématique et l’esthétique de son livre.
« Ma matière, c’est ma vie, je déroule le fil, je la raconte parfois par bribes sous un angle choisi selon des thèmes »
Anne de Gelas
Ce travail plastique laisse ainsi une large place à l’écriture quotidienne et relate des moments touchant à des thèmes comme la maternité, le deuil, la persistance du désir et le passé encombrant.
Un public nombreux, dont des étudiants d’écoles d’art ont pu lui poser des questions sur la place que tenait ses livres de « photo-textes » dans la construction de ses expositions.
Je cherche à partager des expériences.
Souvent présentés en intégralité dans des vitrines, ses livres d’artiste tiennent en effet une place centrale en regard des photographies accrochées au mur.
Un travail sur le texte dont elle dit comment il répond aux images:
« Les mots disent la colère brute, les textes sont scandés, d’une écriture presque du jaillissement même s’ils sont retravaillés.
Certains textes écrits à la main ne sont pas fait pour être lu, ils peuvent l’être, … il y a un doute… et dans ce doute ils servent en effet plus d’éléments plastiques.
Je ne fais jamais de photos ni de dessin d’après les textes. Ces trois éléments sont des moyens d’expression spécifiques, si je n’arrive pas à dire en photo je l’exprimerai en dessin ou en mots. Mais jamais il ne s’agit d’illustrer« .
Une rencontre passionnante, autour de sa pratique de l’écriture et de la photographie qu’elle qualifie comme « une intimité calculée ».
Danièle Pétrès
Anne De Gelas a publié Mère et fils aux éditions Loco (Paris, 2018) ; L’amoureuse aux éditions du Caillou bleu (Bruxelles, 2013).