Anne Baatard : poésie au quotidien, le choix de la légèreté

Vivre l’expérience intense du jeu avec les mots, tenir un journal poétique, pratiquer l’écriture au jour le jour, cheminer au-delà des codes avec pour horizon le surgissement poétique, c’est ce que vous propose Anne Baatard, Isabelle Agert et Laurence Hugues, poétesse et grande voyageuse, du 24 février au 13 mars 2025. Embarquez dans le temps poétique en 3 points de vue croisés.

L’Inventoire : Est-il plus difficile de créer une dynamique de groupe sur Teams ou pas du tout ?

Anne Baatard : Créer une dynamique de groupe à distance requiert (pour moi) une concentration plus intense. Il manque ce que la présence et le corps apportent à toute communication. Mais ce que Teams autorise, c’est un groupe sans frontière : des participants qui écrivent ensemble depuis Granville, Paris et Genève, c’est vraiment stimulant.

 « Le poème concilie ferveur et simplicité »

L’Inventoire : L’idée de ce stage à animer à trois, sur 3 versants de la poésie (initier et tenir un journal poétique, jouer avec les sons et les mots pour écrire la nature et, le poème comme espace de liberté) est née de l’envie d’animer des stages plus légers et ludiques. Ne fait-t-elle pas partie de l’envie de simplicité que nous ressentons tous aujourd’hui ?

Anne Baatard  : Depuis le confinement, la poésie remporte un succès inédit. Le post de Cécile Coulon qui a recueilli le plus de like était un poème. La poésie surgit souvent à la faveur d’émotions vives, voire chaotiques, mais auxquelles elle propose une forme et une voix. Et puis, on peut lire et écrire des poèmes en discontinu, par fragments, c’est peut-être à mettre du côté de la légèreté. Le poème s’accommode de l’urgence, des incertitudes, de tous les inconforts, de la fragilité. Il concilie ferveur et simplicité.

Cécile Coulon

Extrait du poème de Cécile Coulon (à retrouver ici dans son intégralité)

Quand nous sortirons d’ici

les yeux clos comme ceux des chatons et des chiots,

les lèvres un peu sèches de n’avoir pas embrassé,

le cœur un peu sec de n’avoir pas mieux aimé,

je piquerai dans mes cheveux longs

la première fleur du printemps.

J’imagine déjà la joie au prochain bal populaire

sous les arbres géants de la Drôme endormie ;

en attendant que nous sortions d’ici

je porte mon sourire à l’envers.

L’Inventoire : Le livre de poésie que vous aimez relire régulièrement 

Anne Baatard : « Du monde entier » de Blaise Cendrars. Avec en ouverture « Les Pâques à New York ». Cendrars a célébré la vie dans son jaillissement : « Toute vie n’est qu’un poème, un mouvement. Je ne suis qu’un mot, un verbe, une profondeur, dans le sens le plus sauvage, le plus mystique, le plus vivant. »

« Toute vie n’est qu’un poème, un mouvement. Je ne suis qu’un mot, un verbe, une profondeur, dans le sens le plus sauvage, le plus mystique, le plus vivant. » Blaise Cendrars

Hélène Massip : Il y en a plusieurs, je pourrai citer les noms de quelques poètes dont j’ouvre souvent les recueils. S’il faut en choisir un, je prends Baltiques de Tomas Tranströmer. J’aime dans ce recueil la diversité des formes, du poème long au haïku. La place du mystère, du silence, de la nature et des hommes. La sobriété de l’écriture, la force des métaphores.

Isabelle Agert : J’aime les poèmes de Richard Brautigan que je relis souvent. Désespérance et impertinence délicieuse. Ceux de Jean-Pierre Siméon. En fait, je suis une picoreuse.

L’Inventoire : Que vous apporte la poésie au jour le jour ?

Anne Baatard : Elle développe l’acuité du regard. La poésie est un mode de vie. C’est aussi un compagnonnage, on peut écrire un poème d’un trait ou d’un souffle, ou le porter pendant des jours, chercher le mot à changer… la poésie, c’est aussi l’assurance de toujours trouver un ami disponible !

DP

Anne Baatard
Anne Baatard

L‘atelier d’écriture « Poésies du quotidien » sur Teams aura lieu du 24 février au 13 mars 2025.

 

 

Image de tête d’article : Danièle Petres