Cette semaine, voici sept textes, dont certains écrits en atelier, répondant à la consigne de Sylvie Néron-Bancel, à partir de « Charlotte », de David Foenkinos. Voici celui de Christian Girard!
Son grand sac sur ses genoux commence à peser.
Des passants pressés évitent les flaques et relèvent le col de leurs cabans.
Il fait froid.
Le café a fermé ses portes : « Il est temps de partir, Mademoiselle, il se fait tard ! ».
Julie n’a pas tenté de résister, elle a terminé sa tasse, demandé un grand verre d’eau à la patronne. Les quelques pièces de monnaie jetées sur le zinc ont rompu le silence.
Elle sait qu’il ne viendra pas.
Assise sur les marches, elle attend.
Elle ne sait pas si elle est triste, elle est là, elle attend.
A côté son bagage est maintenant posé, elle le regarde jouant machinalement avec le zip de la fermeture éclair.
Un chien vient renifler près d’elle.
Une pluie fine recommence à tomber sur le port.
Elle resserre son écharpe autour de son cou, un frisson traverse ses épaules.
Elle tremble.
Elle l’attendra dans la nuit jusqu’au petit matin.
Elle entend la sirène du cargo.
Ils devaient partir ensemble, loin.
Elle avait rendez-vous hier soir ici au bar de la Marine.
Elle hésite.
Son regard se transforme, elle se lève, se redresse.
Si c’était au Bar de la Passerelle à l’autre bout de la rade ?
Il ne m’a peut-être pas abandonnée, c’est moi qui me suis trompée.
Christian Girard