Le Prix Rive Gauche du roman et le prix Aleph du roman ont été décernés jeudi 12 décembre 2024 dans les locaux parisiens d’Aleph-Ecriture en présence de Marianne Jaeglé, Laurence Biava, des lauréats des prix Rive Gauche et de nombreux invités !
Le jury du Prix Rive Gauche a distingué neuf livres pour décerner son prix littéraire. Parmi eux, c’est « Terrasses » de Laurent Gaudé (Actes Sud) qui a reçu le prix 2024 du roman Rive Gauche.
Le Prix Aleph du roman, adossé au prix Rive Gauche, a été décerné à « Saturation » de Thael Boost (Anne Carrière).
Pour cette première édition du prix Aleph du roman, adossé au prix Rive Gauche, plusieurs genres littéraires étaient représentés.
L’essai autobiographique (La deuxième vie, de Philippe Sollers), le fantastique (Le rire des autres, Eva Tholozan, Saturation, Thael Boost), le roman historique (La Mijaurée d’Auguste C., Elisabeth Laureau-Daul, Oslo de mémoire, Didier Blonde), l’exofiction (Traversée, Laurent Gaudé, 5 secondes, Catherine Benhamou). Une sélection variée, mais des points de convergence autour des cent une manière de raconter la vies de personnages célèbres, ou de revisiter des événements historiques.
Notre jury composé de Catherine Saint-Honoré, Viviane Bréant, Muriel Gilet, Christine Baligand, participantes engagées dans un chantier d’écriture à Aleph, s’était réuni en septembre pour choisir notre lauréat parmi ces sept romans.
Nous leur avons demandé de nous donner leur sentiment sur leur participation et pourquoi leur choix s’est porté sur le livre de Thael Boost : une fantaisie onirique autour de la réincarnation de Gustave Courbet dans la vie d’une jeune-femme en quête d’un être à aimer.
Coulisses d’un jury littéraire
Christine Baligant a exploré les points de vue, les styles, les déroulés des histoires en essayant de comprendre l’architecture, de démonter les rouages des récits. « J’ai mieux apprécié, je pense, le travail des romanciers ». Concernant l’expérience du jury, « elle a beaucoup aimé ce moment d’échanges, cette confrontation d’avis divergents autour des livres qui a fini sans difficulté par aboutir à un consensus. Riche et agréable ».
Dans le livre de Thael Boost, proprement dit, elle a apprécié « le point de vue très original de l’autrice. Elle met en scène Gustave Courbet, peintre transgressif du XIXème, qui revient parler à la jeune héroïne actuelle et rebelle, en utilisant un « tu » qui les lie dans leur différence. Une jolie pirouette littéraire ! ».
Muriel Gilet a trouvé intéressant de confronter ce qu’elle pensait des livres avec les autres lectrices, de voir qu’on pouvait avoir des ressentis très différents. « Mon choix s’est porté sur l’originalité de la position de spectre de Courbet justifiant le point de vue universel à travers une vie déjà vécue sur terre. J’ai apprécié aussi cette histoire d’emprise analysée par quelqu’un n’ayant pas connu cela à son époque puisque c’était quelque chose de normal alors. Et la réincarnation à la toute dernière ligne ».
Catherine Saint Honoré indique que sa participation au prix littéraire d’Aleph a été un plaisir. « J’ai lu des textes, que je n’aurai peut-être pas eu l’occasion de découvrir dans un autre contexte. Je remercie les auteur.e.s pour ces rencontres surprenantes, ces voyages qui donnent à rêver et mettent en relief des bouts de chemins singuliers. ». As-t-elle changé sa manière de lire ? « C’est fort probable. Bien que formatrice en écrits professionnels, je ne soupçonnais pas mes qualités de lectrice : dévorer 8 romans papiers ou dématérialisés, en quelques semaines estivales ! En effet, vue sous cet angle, j’ai appris à lire autrement ».
Elle précise qu’avant de commencer ses lectures elle avait « pour idée de repérer le genre des textes. Mais cet exercice ne m’a pas plu. Réduire ma lecture à une classification aurait participé à rompre la magie d’une rencontre littéraire. J’ai donc lu le soir, le matin, le temps d’une pause et j’ai aimé subjectivement. J’ai aimé lire, j’ai aimé les personnages, … et les différents styles ». Elle s’est en particulier intéressé à la narration : « J’ai un goût prononcé pour le récit qui flirte avec le merveilleux, la fiction et se rapproche parfois de la nouvelle. À ce propos, au sein du cercle des lectrices – espace reposant où la confrontation des ressentis s’est déroulée sereinement (chose rare et précieuse en ces temps qui courent) – j’ai appris beaucoup. Nous avons interrogé si le roman est à lui seul un genre ou s’il s’inscrit en sous genre. Il me semble que le récit compose avec de nombreuses caractéristiques de sous-genres, lesquels seraient, selon moi : la nouvelle, le roman, le conte, la biographie… Mais peu importe… Quand vint le moment du vote, c’est autour du roman « Saturation » que nous nous sommes accordées ; à l’exception de quelqu’une(s) bien sûr ».
Un choix de coeur pour ce livre de Thael Boost : « Sous le regard-caméra de Gustave Courbet, Thael Boost nous propose un fil de vie où les tons et les couleurs du réalisme se débobine harmonieusement. En hors plan, une fresque de peintures aux tonalités émotives empreintes de mots mélodieux et poétiques pour parler d’amour et de désamour. La progression narrative est surprenante avec cette fin qui nous fait chavirer sur deux éléments en opposition : la mort et/ou la vie. Que pourrais-je ajouter ? L’année prochaine j’aimerai réitérer cette aventure ».
DP