Aujourd’hui, voici le texte de A.O. en réponse à l’appel à écriture de Sylvie Néron-Bancel à propos du livre de Nicolas Clément « Sauf les fleurs » (Buchet-Chastel, 2013).
A.O. Point de contact
Je voulais un regard, vaste comme l’océan,dans lequel plonger pour pouvoir me voir, pour m’y projeter, me voir exister. Un regard porteur, empreint de douceur qui m’aspire au loin pour me faire grandir vers mon avenir. Un regard aimant, peut-être hésitant mais tout sauf absent, sauf indifférent. Mais il s’est perdu avant de m’attraper, avant de m’accrocher; il est resté vide, il m’a échappé.
Je voulais des mains pour sécher les larmes de chaque matin, effacer les pleurs de chaque couleur.
Je voulais une clé pour pouvoir ouvrir les âmes tourmentées; regarder sortir et puis s’envoler tous les maux cachés de ceux que j’aimais.
Je voulais laisser tous ces grands enfants, ces parents absents et omniprésents à leurs jeux de grands mais je l’ignorais, je ne pouvais pas, je ne savais pas.
J’ai eu beau chercher un regard, une clé, je n’ai pas trouvé. Mais j’ai eu des rêves qui m’ont poursuivis tout au long de la vie, de ma vie d’enfant puis d’adolescent ils m’ont précédée partout où j’allais, m’ont accompagnée, du soir au matin, du matin au soir; éclats de lumière, poussières de bonheur, cachés quelque part mais si bien cachés que je les ai perdus, que je me suis perdu. Je les ai égarés un matin de mai plus pluvieux qu’un autre, un jour de tonnerre.
Je voudrais une carte pour pouvoir trouver, pouvoir retrouver mes pensées passées, mes rêves oubliés : pour me révéler.
A.O.