Marion Guevel a travaillé dans la production de films et la communication avant de se former à l’animation d’ateliers d’écriture et au coaching. En créant un atelier sur l’année chez Aleph-Écriture à partir du 19 septembre, elle propose un véritable espace de liberté autour des mots en lien avec des propositions, et l’opportunité d’accorder à l’écriture une place régulière dans son quotidien.
L’Inventoire : Comment êtes-vous venue à l’animation d’ateliers d’écriture ?
Marion Guevel : J’ai d’abord découvert les ateliers d’écriture en tant que participante. Après un stage découverte d’un week-end, puis un atelier régulier pendant deux ans à côté de chez moi, à Montreuil. Cette bulle d’évasion choisie, que je suis venue m’offrir après la naissance de ma première fille, m’a permis une véritable respiration. J’ai pu renouer avec le goût de mots savoureux, différents, plus personnels… au-delà de ceux que j’utilisais quotidiennement dans ma vie professionnelle de communicante. Des mots moins rangés et bien ordonnés, des mots à moi ! C’est donc tout naturellement qu’au moment où j’ai effectué une reconversion professionnelle, la question de me former à mon tour pour animer des ateliers s’est posée.
L’animatrice des ateliers auxquels je participais m’a parlé d’Aleph-Écriture. J’ai passé les entretiens de sélection pour la formation de formatrice-animatrice et la machine était de nouveau en marche… Elle m’a conduite vers la certification puis la conception et l’animation de divers ateliers entre Bordeaux et Paris, en présentiel et en visio.
« Je trouve plus intéressant d’accompagner les personnes dans leur propre chemin d’écriture que de leur dire « voici celui à emprunter ».
L’Inventoire : J’aimerais que vous me parliez de ce nouvel atelier à Aleph. Il ne s’agit plus d’acquérir un savoir technique, mais d’écrire librement. Qu’est-ce que peut apporter ce type d’atelier régulier à un participant ?
Marion Guevel : La principale découverte que j’ai faite en tant que participante d’ateliers et que j’ai à cœur de transmettre en tant qu’animatrice, c’est la liberté. A mon sens les ateliers d’écriture sont un formidable espace de création de soi, du monde, de découverte… Les mots nous emmènent dans des directions inattendues, voire inespérées. Les ateliers sont avant tout un lieu d’expression, pour se retrouver comme pour s’évader, tout est possible. J’aime faire écrire à partir de supports variés : textes, photos, extraits de films, sons, odeurs, matières. C’est en multipliant les portes d’entrée que j’emmène les participant·es vers des voix/es d’écriture singulières. Mon métier c’est déclencher et faire vivre l’écriture dans leur vie, régulièrement, en explorant. L’exploration n’exclue pas des apports techniques et des contraintes, telles que la contrainte « temps » inhérente à l’atelier d’écriture et libératoire, mais ce sera au service de la créativité, pas l’inverse. Je trouve plus intéressant d’accompagner les personnes dans leur propre chemin d’écriture que de leur dire « voici celui à emprunter ».
Cet atelier semble très varié quant à son itinéraire. De la poésie, du roman, est-ce un l’espace de liberté joyeux, où l’on rencontre son écriture là où on ne s’y attendait pas ?
Exactement, c’est ce que j’exprimais tout à l’heure. Je trouve que l’image de « rencontrer son écriture » est très fine pour décrire ce que je souhaiterais faire naitre avec cet atelier. Et pour cela, je suis pour le mélange des genres (poésie, roman, nouvelle…) et des arts (cinéma, peinture…). Mes meilleurs souvenirs d’ateliers sont aussi ceux où les participant·es s’essaient, découvrent de nouveaux territoires d’écriture. Au début on se demande si l’on est légitime, on hésite, on se questionne et puis l’alchimie du groupe opère.
Pensez-vous qu’il faut être heureux pour écrire, que les récits qu’on produit sont davantage remplis d’énergie ?
Je ne crois pas qu’il faille être heureux pour écrire car de nombreux récits naissent de tranches de vie dans toutes leurs nuances, avec parfois des teintes plus sombres. Ce que je constate c’est que l’émotion dans laquelle on est lorsque l’on écrit a un impact sur nos récits. On n’écrirait sans doute pas de la même façon dans d’autres conditions, et l’écriture peut aussi venir modifier, faire évoluer, notre émotion de départ.
En tant qu’animatrice il est important pour moi d’accueillir tous les textes, joyeux ou moins joyeux, tout en garantissant de mon côté d’accompagner le groupe avec une énergie douce et bienveillante.
Je vois au quotidien les bienfaits de l’écriture pour mieux se connaitre mais aussi avancer.
Est-ce que vous pensez que l’écriture est un outil de découverte de soi ?
Oh oui… J’en suis persuadée. J’utilise d’ailleurs de plus en plus l’écriture également dans mon activité parallèle de coaching. Et même s’il est primordial pour moi de bien distinguer mes espaces de coaching de ceux d’écriture créative, car les objectifs ne sont pas les mêmes, je vois bien au quotidien les bienfaits de l’écriture pour mieux se connaitre mais aussi avancer.
Et la visio comment ça se passe ?
J’anime depuis mes débuts des ateliers aussi bien en visio qu’en présentiel et l’espace de confiance qui se crée entre nos écrans est aussi très précieux. Parfois on ose plus ou différemment… car on reste avec un pied dans sa sphère personnelle et un autre dans une sphère partagée. Les rencontres se font aussi entre les participant·es. Les liens se tissent.
En tant qu’animatrice, je prends des précautions encore différentes en visio. J’essaie d’utiliser toutes les potentialités de l’outil (sons, images, participatif…) pour permettre aux participant·es de vivre une expérience immersive. J’adapte les moments de lecture et de retours sur les textes à cette expérience pour maintenir l’attention – (la tension ;). Écouter les autres et leur faire des retours qui se musclent au fil du temps dans un rendez-vous régulier, c’est aussi un des merveilleux apprentissages de l’atelier d’écriture.
Propos recueillis par Danièle Pétrès
L’atelier régulier, en distanciel c’est à partir du 19 septembre 2024 !
L’atelier régulier, c’est aussi en présentiel ici.
Ecrire à partir du cinéma (sur 3 jours), à Bordeaux, à partir du 19 au 21 octobre, c’est ici.