Ecrire à partir de « La Foudre » de Pierric Bailly

Sylvette Labat vous propose d’écrire à partir du roman de Pierric Bailly « La Foudre » (P.O.L, 2023), en évoquant une rencontre décisive dans la vie d’un personnage imaginaire ou réel.

Vous pouvez poster vos textes (1500 signes maximum) sur Teams Inventoire jusquau 22 octobre 2024. Si vous êtes déjà inscrit sur notre plateforme il vous suffit de vous connecter, sinon, merci dutiliser ce lien pour vous inscrire gratuitement : Bulletin dinscription sur la plateforme de LInventoire. 

Berger dans le Haut-Jura, Julien qu’on appelle John, trentenaire et en couple avec Héloïse, passe cinq mois par an dans les alpages. Un soir d’été, il tombe sur un article de journal qui parle d’un ancien camarade de lycée arrêté pour le meurtre d’un chasseur, quelques mois plus tôt, dans la région de Lyon. Alexandre, copain d’internat avec qui il partageait sa chambre était un garçon adorable, populaire, plus brillant, plus cultivé que les autres. Écolo convaincu, végan avant l’heure. Il exerçait une fascination absolue sur lui, et le vénérait au point de singer son rire, d’adopter sa façon de penser, avant de se détourner de lui par jalousie, suite à une brouille imbécile. L’irruption de ce fait-divers dans son quotidien un peu morne va bousculer sa vie. John va se rapprocher de Nadia, l’épouse d’Alexandre et, par la magie d’un coup de foudre, réussir à vivre un peu à la place de celui qui le fascinait.

Le roman est écrit à la première personne. On est dans la tête de John, au plus près de ses émotions, de ses failles.

La Foudre semble s’inscrire dans la veine du « nature writing » genre littéraire qui fait des grands espaces et du monde sauvage des personnages. Bailly maitrise l’art du détail dans ses descriptions mais il ne raconte pas simplement l’histoire d’un triangle amoureux. Il met en évidence la somme de rencontres, de hasards, d’influences qui peuvent infléchir le cours d’une vie. A partir de celle qu’il nous donne à lire, Bailly nous donne à réfléchir sur l’intime, l’amour, l’identité, la filiation.

Extraits

J’étais séduit, comme tout le monde, comme tous ceux qui passaient du temps avec lui, qui se confrontaient à sa douceur, son intelligence, sa maturité, son rire. Son rire, oui. Le rire d’Alexandre.

Comment en parler ?

Un rire sonore, un rire porté par la voix, mais pas non plus un rire gras, pas un rire énorme. Un rire qui n’a pas grand-chose de caractéristique, tout compte fait.

Si je parle de son rire, je dois surtout parler du mien. Je dois parler de la façon dont je riais avant de connaître Alexandre.

Je n’arrivais pas vraiment à rire, jusqu’ici. Mon rire à moi était très étrange, et ça m’embêtait, ça me complexait. (…)

J’ai tout de suite envié le rire d’Alexandre, ce rire ouvert, tellement naturel. Alors je me suis entraîné face au miroir de la salle de bains chez mes parents, et j’ai compris que j’avais les moyens techniques de me l’approprier. Je savais rire comme lui. (…) Je ne lui ai pas piqué que son rire.
Mais le reste nécessitait davantage qu’un simple bagage technique.
Pour le reste, je n’étais pas encore prêt. J’avais besoin de vivre un peu plus.

Plus à l’aise, plus cultivé, plus drôle, plus charmeur. Il avait plus de style, avec son cartable de facteur en cuir élimé et son béret en tweed — comme quoi, la mode vintage ne date pas d’hier. Étant donné sa corpulence, on pouvait le prendre pour un prof. Un jeune prof. Il parlait comme un prof. Il parlait bien, toujours avec aplomb, comme s’il avait vingt ou vingt-cinq ans. Il était agréable à écouter. Avec lui, tout semblait couler de source, tout était simple. Il n’hésitait sur rien. Ses propos étaient posés et lucides. Il était au courant des faits d’actualité, des événements politiques, toutes ces choses qui appartenaient pour moi à un autre réalité, un autre monde dont je n’avais pas la clé.

Proposition  d’écriture

Je vous propose de faire évoquer par un narrateur ou une narratrice une rencontre décisive dans sa vie. Ces personnages peuvent être réels ou imaginaires. Ce qui importe ici, c’est de nous faire comprendre ce qui dans cette rencontre a eu de l’importance, ce qui a séduit, fasciné, impressionné, rendu jaloux… au point de faire prendre un tournant ou même de faire basculer la vie de votre narrateur ou narratrice.

Tentez de nous faire entrer dans sa tête, donnez-nous à ressentir ses émotions, ses doutes peut-être.

L’auteur

Pierric Bailly est né en 1982 dans le Jura, un coin de France qui compte beaucoup pour lui et qui servira de décor à la plupart de ses récits. Il y passe son enfance, puis s’installe à Montpellier où il suit des cours de cinéma. Il revient dans le Jura où il travaille en usine. Il vit quelques temps en région parisienne, à Grenoble, à Nîmes avant de se fixer à Lyon.

En 2017, il publie son quatrième roman, L’Homme des bois, qui est récompensé par le premier Prix Blù. Son précédent livre Le roman de Jim vient d’être porté à l’écran par les frères Larrieu.

Ses livres explorent les vies cabossées d’hommes et de femmes à qui la nature offre refuge et consolation.

S.L

crédit photo : Benzine Mag