Jusqu’au 8 mai, le Centre Pompidou propose à Paris une exposition autour de l’univers littéraire de Serge Gainsbourg. Des livres de sa bibliothèque à ses brouillons de textes, sa graphie unique témoigne de la recherche des titres qui amènent les chansons, des rencontres qui inspirent les disques. Une porte ouverte sur un fascinant processus de création.
Dans l’exposition de la bibliothèque publique de la Bpi, on peut découvrir les lectures de Serge Gainsbourg, surtout nourries de poésie. Tristan Tzara, Baudelaire, Apollinaire. Les volumes sont en parfait état, témoignant du soin qu’il en prenait.
Sur les tapuscrits annotés, on retrouve sa passion du mot exact. Sur les brouillons, la recherche fiévreuse de la rime. Gainsbourg travaillait beaucoup à partir de titres travaillés comme des poèmes, et pouvait les garder des années dans ses notes avant d’écrire la chanson qui s’y cachait. Son incroyable productivité est aussi impressionnante que ses mélodies issues de sa culture des compositeurs du 19ème siècle, du jazz, de Boris Vian, de l’électronique, du rap, et du son qu’il a inventé. Au coeur des arrangements virtuoses, de l’air du temps qu’il a su capter comme personne, on peut discerner que c’est bien la musicalité du texte qui fait le tempo. Une poésie mise en son, inégalée.
Précis, perfectionniste, dandy, une place importante de l’exposition est dédiée à la composition de Melody Nelson et de celle de son disque « signature », auto-fiction fantastique, L’homme à la tête de chou. Comme une blessure qu’on chercherait à refermer, ses mots cavalcadent entre chaque mesure pour trouver l’exactitude de l’émotion.
Danièle Pétrès
« Melody Nelson.
Aimable petite conne
Tu étais la condition
sine qua none
de ma raison ».
Vidéo Melody Nelson
Centre Georges Pompidou. Bpi niveau 2. Du 25 janvier au 8 mai 2023.