Cinquante pages, cinquante textes, cinquante mots par page. Le nouveau recueil de Marc-Emile Thinez nous offre un voyage poétique dans 50 livres dont il résume en 50 mots ce qu’il en a retenu. Tous les personnages qu’il a été/que nous aurions pu être/que nous sommes, après avoir lu un livre.
Dans la collection Contraintes de la maison d’édition de poésie Louise Bottu, ce florilège au carré évoque ainsi un personnage ou un roman par page, en une prose qui en extraie l’énergie. Le style joyeusement pessimiste de Thinez tel qu’on l’a connu et aimé dans « 140 m² / La révolution en 140 tweets », son premier « roman » (2014), est ici plus joyeux dans un exercice d’admiration plein de saveur où nous retrouvons le temps d’une page Pierrot le fou, Be-bop de Christian Gailly, Don Quichotte, Monsieur Teste, Ubu Roi, Le Guépard, et 44 autres livres à deviner et redécouvrir.
Le nouvel opus de la collection Contraintes, si bien éditée par Louise Bottu, qui aime les livres, leur format, leur mise en page, est à tenir élégamment dans la main comme un talisman noir qui renferme une partie de ce que nous sommes.
« J’aurai été / ceux que je suis » de Marc-Emile Thinez (Editions Louise Bottu, Novembre 2021)
On dit qu’il faut un début à tout. Entendre il faut un début à rien. Contre l’angoisse du rien : l’impérieuse nécessité : faire des histoires ». Marc-Emile Thinez
Une grand-tante reviviscente. Monsieur Songe la retrouve à la page 135*, déjetée, boiteuse et tremblotante. Dès qu’elle le reconnaît, elle ressuscite. Leur conversation, interrompue depuis des lustres, reprend comme autrefois. C’est ainsi que monsieur Songe apprend que Louise Bottu va mettre sous presse un nouveau recueil de poésie. C’était en 1982. Depuis, elle avait disparu. La revoilà en 2013, avec le même sourire de petite fille.
*Monsieur Songe, Robert Pinget, Minuit 1982