En ateliers d’écriture, cette première interface entre une candidature et la structure est une étape clé dans l’aventure d’un atelier. Le tout premier contact peut être déterminant dans la décision de s’engager dans l’aventure d’un atelier. Outre l’échange d’informations pratiques et utiles, il s’agit d’un temps où exprimer une attente, formuler une demande, se faire connaître, obtenir si possible une réponse. Il faut à l’accueillant déployer une qualité d’écoute vigilante apte à en déceler les composants, faire preuve de tact, d’attention, de discernement, d’intuition et parfois d’empathie pour être en mesure de débusquer et répondre à des attentes quelques fois non dites ou implicites.
Dispositifs de l’accueil
La qualité des outils de la communication, site Internet, matériels documentaires et disponibilité entrent dans les composants d’un dispositif global d’accueil, au même titre que l’aptitude à écouter les demandes diverses. Il est bon de multiplier les occasions de rencontres, journées portes ouvertes, participation à des salons, des émissions radiophoniques, divers événements littéraires et associatifs. Relevons l’importance du tout premier atelier que nous appelons A E D, ou à défaut tout autre atelier d’accueil. Il fait à la fois fonction de filtre et de sésame, et peut s’avérer déterminant pour franchir le pas. La qualité de relation instaurée avec l’animateur emporte généralement la décision.
• L’accueil des textes…
Le temps de l’atelier est scandé en trois phases qui déclinent chacune diverses variations de l’accueil des textes. La première, celle du texte littéraire et de la proposition, la deuxième celle de l’écriture avec le temps nécessaire au texte pour advenir. Il est fait de silence, de discrétion et de concentration, mais aussi de disponibilité de l’animateur à toute demande d’aide. Enfin celle de la lecture, autre temps d’accueil, de partage et d’échanges. L’accueil de l’écrivant dans sa singularité est à mettre en corrélation avec l’accueil de ses textes. Cette technique d’animation s’exerce sous formes de retours, puis de retravail du texte. Nous sommes là au cœur de leur dispositif, levier de l’ensemble des échanges qui peuvent s’engendrer.
• … et leurs dérivés
Si nous nous intéressons en premier lieu au fonctionnement des textes, nous accueillons aussi la gamme des émotions dont ils sont habités, qu’ils engendrent et suscitent à leur lecture, côté auteur comme côté lecteur.
Me revient aussi en mémoire la remarque d’une écrivante relevant l’importance du silence au cours de l’atelier, tant à l’accueil d’un texte qu’aux réactions qu’il engendre. Temps d’incubation, d’infusion, battement entre deux autres temps forts, comme il en est du phrasé musical d’une symphonie, d’une scène au théâtre, d’un suspens au cœur d’une chorégraphie, dans un poème… Silence réceptacle, respect, respiration qui donne relief au corps de l’œuvre, au temps de création. L’accueil se fait ici recueillement.
Alice Bsereni
(Les Ateliers d’écriture Elisabeth Bing, Paris)