En réponse à notre appel à écriture, « La maison farfelue », voici un texte de Karima Slassi
Dans le miroir, j’ai l’allure de celles qui vont à l’essentiel : vêtements informes et uniformes. La fantaisie est indécente.
J’ouvre ma penderie et une bouteille de vin rouge.
Mes vêtements s’étalent dans le salon et pendent aux cadres des portes et fenêtres.
Le rouge est fini. J’ouvre le rosé.
« Mesdames, voici la collection Covid19, printemps 2020 :
– Pantalon à pinces de satin vert, chemise de coton imprimé hibiscus, étole en lin anis et sandales à talon façon python jamais portées.
– Jupe en crêpe bleu lamé or, pull échancré en mohair jaune citron, collier de perles d’ambre et chapeau en feutre bordeaux oublié.
– Robe portefeuille en pane de velours mauve, perfecto en cuir noir clouté, bottes de pluie et minaudière en brocart fuchsia démodée.
– Tailleur gris en flanelle, corsage à jabot en organdi blanc, mules oranges brodées et châle en tartan rouge mité.»
Ma tête tourne.
Sur le canapé, quatre femmes flamboyantes applaudissent.
Je me précipite, leur tends des masques et leur crie de s’écarter.