En réponse à notre appel à écriture, « La maison farfelue », voici un texte de Christine Lumineau et un dessin de Benoît.
Les meubles poussés hors les murs, sortis sur la terrasse, vidés de leurs contenus. Au milieu de la pièce, un bric-à-brac. Tout en vrac. Besoin d’espace autour de cet amas d’objets usuels, d’électroménager, d’instruments de musique, de matériel de bricolage.
La petite fille regarde.
Il sent son désarroi.
Il dit : Ne t’inquiète pas, ça va aller.
Il prend dans tout ce bazar des choses et, dès leur préhension, celles-ci s’amenuisent. Concentré, il construit, il assemble, il suit les indications du cahier dont il est le seul à comprendre le langage. Dans le creux de sa main, la brosse d’aspirateur devient purgeur, son flexible circulateur, les fourchettes à huîtres écrous, les pistons du trombone régulateur, le presse agrume manostat, la vieille horloge minuteur, l’embout du saxophone vidangeur, la roue de bicyclette accélérateur, les plaques à induction brûleurs, la poignée de la cocotte vanne d’arrêt.
La fillette demande : C’est quoi ?
Il répond : Une broyeuse de chagrin.
Christine Lumineau (avril 2020)