En réponse à notre appel à écriture, « L’affût un style de vie », voici un texte de Atane
Un appartement citadin au 3e, une fenêtre entrouverte. Mon Humain s’accoude sur le rebord et allume une cigarette. Dans la maison d’en face, ça vit. L’homme qui zigzague dans la cour, on l’appelle le Guingois. Depuis l’accident, il ne boit plus, il clopine. Ses promenades quotidiennes empreignent dans les gravillons son chemin tortueux. A dix-huit heures dix secondes, il se fige et lève les yeux vers le 7e. Autour de lui, plus rien ne respire, il l’attend. Quand elle chute enfin, il s’élance dans une course ataxique et la rattrape, in extremis. Elle ne mourra pas encore ce soir. De son appartement du 5e, Madame vit à côté du drame. Elle guette pourtant tous les soirs le passage du petit corps inerte devant son balcon. Mais elle n’entend pas l’appel de sa jeune voisine qui, privée de son amour confiné loin d’elle, se suicide quotidiennement en jetant par la fenêtre une poupée à son effigie. Moi, leurs histoires ne m’intéressent pas. Celui que je guigne est à quelques mètres de moi, à vol d’oiseau. J’ai beau caqueté, mon Humain me retient.