En réponse à notre appel à écriture, « Classer / reclasser les livres de ma bibliothèque», voici un texte et une photo de Safia Amor. Merci à elle!
Arnaldur
Aujourd’hui nous vidons son appartement.
Dans le salon, à même le parquet, des caisses et des caisses de livres. Ceux-là même qui ornaient sa bibliothèque, désormais vide et démontée. Ici, des ouvrages d’architecture, de design… Là, des revues de cinéma, des cahiers d’art, des biographies d’architectes, d’acteurs… Enfin, le coin des romans, des polars surtout.
Tous les deux, nous partagions le plaisir de nous plonger dans l’ambiance sombre et froide des récits d’Arnaldur Indridason, un auteur islandais de romans policiers à la plume sensible et au texte élégant… Ultime réflexe, il avait glissé dans son sac l’un de ses derniers opus, « Etranges rivages », au moment où les pompiers sont venus le chercher pour le transporter à l’hôpital Saint-Louis. Le roman a trôné, intact, durant plusieurs jours sur la table de nuit de cette chambre aux couleurs délavées par la maladie et l’angoisse. Trois semaines plus tard, nous le remettions à sa place, après avoir dépoussiéré les étagères en bois verni de sa bibliothèque. Mon frère n’aurait pas aimé qu’on maltraite ses livres.