En réponse à notre appel à écriture, « Classer / reclasser les livres de ma bibliothèque», voici un texte et une photo de Marie Gay-Mas. Merci à elle!
Au « Cheval dans l’arbre » à Céret, les livres ne semblent pas vraiment rangée, pourtant c’est dans cette minuscule librairie que j’ai acheté en solde ce livre un peu poussiéreux – et j’allais le comprendre – rare et presque unique.
André Dimanche Editeur, couverture blanche pour ce récit de négritude, seul ouvrage traduit en français et depuis longtemps épuisé de John A. Williams. Ce hasard s’il en est, m’émut durablement tant il apportait la démonstration de l’abnégation qu’il faut aux hommes qui ne veulent pas se taire; André Dimanche et John A. Williams que je venais de découvrir étaient de ceux- là.
Il y a peu de pièces dans la maison qui ne sont remplies de livres et je les aime tous, mais sans doute pour célébrer sa rareté, je lui réservais une place sur les étagères du séjour avec les Beaux livres offerts pour les occasions et les collections héritées de Maman.
Si la maison est un abri, les livres en sont les territoires. Ils marquent le temps et l’espace, l’histoire de notre présent et de nos vies passées.
De cette géographie, je sais par exemple, sans avoir besoin de le vérifier que John Dos Passos et ses récits croisés, John Hawkes qui me marqua profondément avec Les Oranges de sang, Les Aventures du commerce de peau en Alaska ou L’Autobiographie d’un cheval mais dont j’ai lu tous les livres dans ma jeunesse, sont sur les étagères à gauche de la cheminée dans la bibliothèque à l’étage, sans doute derrière des ouvrages plus récents qu’ils m’ont donnés à découvrir, ceux qui parlent de l’Alaska ou de l’Amérique des délaissés : Vann, Jamey Bradbury, London, Haine, Mc Carty, Selbi, Russel Banks, etc.
Dos Passos et Whitman en principe se côtoient sur les étagères près de la fenêtre – car c’est celui-là qui m’a fait découvrir celui-ci – mais parfois je les perds et ne pouvant me passer de la présence du Livre de l’intranquillité ou de L’Ode maritine je les rachète mais la couverture a changé, elle est plus glacée et me plaît moins.
Rarement je déplace les livres, je dépoussière de temps en temps avec une balayette les plus accessibles. Tiens, il y a longtemps que je n’ai pas vu Bukowski ce chien de l’enfer mais Rappelez-vous les vieux chiens qui se battirent si bien : Hemingway, Céline, Dostoïevski, Hamsun.