Pour célébrer ce début d’été, nous rééditions l’article autour de l’exposition “Rêver”qui s’est déroulée au Centre Wallonie-Bruxelles. Un espace très proche de la structure du rêve. Ce monde agencé sans ordre apparent, et où s’entassent des strates de mémoire. Quoi de mieux pour débuter cette période de suspens estival de nos publications ?
En vous souhaitant au rendez-vous de notre prochain Atelier Ouvert en ligne début septembre, nous vous souhaitons un bel été !
Tout comme les fragments de rêves, une vitrine rassemble des cartes postales écornées, des albums de photo jaunies, un petit coffret en bois, un appareil photo d’un autre âge, quelques médaillons enfermant des portraits mais aussi des livres. Sur un mur, un patchwork d’images de divers formats et quelques coupures papier rappellent que les rêves sont des bribes hétéroclites.
Parmi les photographes présentés, Jacqueline Roberts et son étonnant portrait d’une fillette aux yeux fermés habillée d’une robe rose à panier.
Cette fillette occupe le premier plan et semble vouloir s’extraire pour s’envoler de la scène. On devine dans son dos quelques personnages du tableau de Velasquez “Les Ménines” ; soudain le spectateur remonte le temps. Cette petite fille aux cheveux virevoltants semble sortir du cadre, bien vivante, laissant derrière elle une scène figée dans le temps.
Se pourrait-il que l’Infante de Velasquez ait pu ressentir l’envie de s’évader dans le rêve plutôt que de supporter toutes ces heures de pose ? L’univers de l’enfance si présent dans la conscience onirique est ici invoqué.
Une autre photographie, un autre âge de la vie, Karel Fonteyne représente un vieil homme debout devant une pile de boites. Tenant l’une d’elles, il l’ouvre avec une attention si concentrée qu’il semble s’agir d’une boite de Pandore. On imagine le geste de ses mains manipulant l’objet au ralenti. Son ombre portée sur celles abîmées et empilées derrière lui donne à la scène une atmosphère mystérieuse, un peu inquiétante.
On distingue à peine son visage, on ne devine rien de l’endroit où il est, pris dans une extrême concentration comme celle du précipité d’un rêve.
Rêve et réalité vont de pair, s’enchevêtrent. Il n’est pas à chercher dans les rêves une psychologie des profondeurs mais à considérer qu’ils accompagnent l’éveil dans notre vie quotidienne.
Déambuler parmi les images de cette exposition nous transporte sur “l’autre rive”, non pas celle qui nous éloigne du monde réel mais celle qui le longe en empruntant l’imaginaire impalpable du rêve, son empreinte inconsciente afin de garder plus vivace nos ressentis.
Exposition « Rêves » jusqu’au 19 mai 2019
Salle d’exposition
127-129 rue Saint-Martin
75004 Paris
Une conférence intitulée “24 rêves par seconde” sera donnée par le commissaire de l’exposition Emmanuel d’Autreppe le 23 avril 2019 à 20 heures.