Vos textes à partir de « Je, d’un accident ou d’amour » (2/2)

Hélène Massip vous a proposé d’écrire il y a 15 jours à partir de Je, d’un accident ou d’amour de Loïc Demey (Cheyne Editeur, 2014). Parmi de nombreux textes, il a été difficile d’en choisir 11 ! Nous les publions en deux posts différents, afin de pour pouvoir mettre en valeur l’espace dont ils ont besoin pour se déployer.

 

Magali François

JE TU NOUS

 

Je Ne sais plus Plus qui Je suis Nous Une rencontre Nous Une histoire Nous Une déferlante Vibrante envoûtante frémissante  Je Sans repères Je Automate de la vie Je sans envies Je Vide  Tu Un appel improbable inattendu Je Ma bouche percutée par la tienne Nous Un jeu dangereux Nous Nos sens en feu Je Guérie des blessures du passé Je Écorchée par l’attente du lendemain Je Parce que des doutes Je Le tourbillon du moment présent Je L’amour réappris à travers toi Je Redevenue femme dans tes bras Tu De nouveau homme par mes caresses Nous Une Chambre Un langage Une évidence Nous Des sentiments en partage Des contradictions Nous Une vérité Tu enveloppé de certitudes Nous Folie dévorante invincible Je Notre passion Unique Tu Mon obsession Tu Mon tout et mon moi Nous Deux cœurs Je Tu Plus rien n’existe Exceptés tes yeux ta voix tes mains Exceptés mon regard ma bouche ma peau Excepté Nous Je Parce que Tu Je Rien Tu  Moi Tu Toi Tu Nous Nous Parce que deux souffles Nous Parce que deux corps Nous Parce qu’une passion Nous Essentiel Nous Fusionnel Nous Tout.

M.F.


Dorothée Chaoui-Derieux

Gare à la secousse

 

entre deux secousses dans la rame

nos regards se croisent

un regard – je baisse les yeux

un regard – tu clignes des yeux

 

entre deux rames je rebrousse

nos proies s’attardent

je me baisse – mes yeux s’égarent

ton clin d’œil par mégarde

 

un entre-rame secoue les deux

à la croisée des hasards

je m’abaisse – mes yeux entrent en gare

tes yeux à clin sur mon regard

 

je rame à la rescousse

dans le détroit de ton regard

ma garde s’affaisse – trop tard

ton camaïeu enclin à la bagarre

 

tes égards m’éclaboussent

chassé-croisé – c’est Trafalgar

sur moi tes yeux en retard

contre toi mes yeux en rempart

 

âmes secouées dans la rame

regards en porte-croix

mes yeux te quittent en gare

tes yeux me suivent – hagards.

D.C.

 


Odile J

 

Rencontre, 

 Je solo, trop longtemps solo,

 Elle alto, altissima,

        Rencontres improbables 

Je la suite, elle fantaisie, 

Je la trois temps, elle me contre-temps,

Je la prélude, elle m’andante avec variations,

Je la dièze, elle me bémol,   

        Et pourtant, résonances

Je la croche, elle me double-croche,

Je la tierce, elle me quinte,

Je la prestissimo, 

        Soupir, silence

Je continuo, elle allegro,

Je capriccio, elle crescendo,

Je flûte, elle fugue,

       C’est la toccata,

Je contre alto, tu vivace presto,

Je vibrato, tu staccato,

Je fortissimo, tu pianissimo

Je t’arpège, tu me pizzicates,

Je te furioso, tu m’apassionata,

Je te final, tu me contre-ut 

je te nocturne, tu me concertino …..

Sido et Mifa  trombonisés,  percussionnalisés 

O.J.

 


Gaëlle Joly Giacometti

 

Je contre

 

il me poussière

d’un geste à l’autre,

il me continent, il me tour de guet, il me horizon

 

je le montagne

d’une cime à l’autre,

je le boussole, le besace, le chemin

 

il me pierre l’âme

au bout de l’expire,

il me nuit, me crevasse, me sel

 

Je ronce ses mains

il plage mes larmes

 

je village

il rive

J.G.G.

 


Christine lumineau

 

Encore le jour, soir d’été

sillonner routes feuillus de verdure

bordées, lumière joueuse entre les troncs,

fougères obscures, herbes frêles,

chevreuils, l’orée du bois, broutent.

Cité se diriger vers

de loin l’édifice contempler

entrer, pierres et verre, immensité du lieu, concert.

Ici rester.

Du fond, légères, vibrent sonorités, puis pleines, denses.

Je, surprise, touchée, coupé souffle.

Tout oublier, rien penser, présence.

Entre les sièges,

elles, les voir, rejoindre nous

Trio de femmes, sibylles,

montent sur scène,

vibrent leurs voix, de vives voix, polyphonie

musique de loin, entre ciel et terre.

Elle, robe bleue, chevelure rousse, tessiture colorée

Elle, tunique noire, sequins ornée, inflexion rieuse

Elle, étoffe rouge, voix rude, du vin boit, fume.

Remuements d’une mer intérieure, vertige, voltige.

Perdus repères. Trous mémoire.

Oubli temps.

Pulse ventre, serre gorge,

tête nœuds, dos frissons, pieds fourmis, pouls percussion.

Exquise brûlure.

S’emmêlent, se croisent, jouent, leurs timbres, complices,

en chœur, des histoires, seules, des mélopées.

Ouïr, comblée, corps nourrit,

elles, rien entendu, cœur qui cogne,

elles, rien su, émoi

choc d’ondes, perdu équilibre, méli-mélo,

je, muette, yeux mouillés, brume heureuse.

Debout, public.

Elles, scène descendent,

cheminent, yeux vifs qui croisent nous,

leurs voix, encore et toujours, prodigue mélodie,

se touchent leurs doigts, ronde de joie

lentement, du lieu, sortent.

Silence.

Je, doucement, quitte.

Tombée nuit, rentrer. Rien dire. Rien voir.

Encore entendre.

C.L.

 


Claire Cornet

Pas déjà

 

pas déjà

attends

pas encore

souffle plume

moi tu vers toi, vers ti, vertige je titube d’ébatitude

toute charivée, toute virécha, toute chériva du charivari

de mes ventricules fourmissantes, de ma peau qui picorette

tes mains ailées, je tremblote, je frissonnette

ivrette dans le hâvre des rêvages  d’aoummmrrr

toi je moi tu les pieds qui colombe

toi je les mains moineauttes dans ton mes habits gigognes,

mes narines humottent tes boucles curry chocolat

dans les charminettes de tes yeux plumetis

je sirote ton iris qui bleuette

colibri je goulette la pralinette de ta bouche

ton bisé, ta baisance qui me balancelle à Byzance

ton bilboquet qui m’attrippe et m’étroppe

ma toupie qui piaffotte et priscotte

cosmofuckilicioustisex ! moi nous tu je toi

biscotte moi une tartinette

café toi du lait

gouttelette le miel

index miettes

billet chiffonné

taxilence

aérolarmes

tohubohu valise

tapis broyeur

portillon salé

avion hurle

pas déjà

 

C.C.

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