Ils durent une quinzaine de minutes, juste le temps de vous accrocher et d’imprimer votre rétine de leurs puissantes images. Les courts-métrages réussis ont toujours cette force d’attraction particulière qui vise sans détours les émotions du téléspectateur. Les huit sélectionnés au Festival de Cannes 2018 n’y font pas défaut.
Il y a, dans la plupart des courts-métrages sélectionnés cette année, un personnage central préoccupé par une quête personnelle. Tour à tour, on cherche à comprendre un parent dans All These Creatures de Charles William, on cherche un élève égaré dans Gabriel de Oren Gerner, un amant disparu dans Tariki de Saeed Jafarian ou un père dans On the Border de Wei Shujun et Duality de Masahiko Sato, Genki Kawamura, Yutaro Seki, Masayuki Toyota et Kentaro Hirase.
Les héros sillonnent les villes, parcourent les rues, les routes, les forêts; le déplacement est central dans la construction de ces films. En quelques minutes, tout bouge à l’écran et nous avec. Parce que les histoires sont souvent racontées de manière immersive, le téléspectateur devient l’accompagnateur qui espère, attend, frissonne, se fait surprendre et, enfin, se questionne.
Apprendre, comprendre, évoluer, en d’autres termes, grandir, est aussi une thématique récurrente. L’enfance et l’adolescence se retrouvent donc dans un certain nombre de courts-métrages, dont Caroline, pour qui nous avons une curiosité particulière. Réalisé par le duo américain que forment Celine Held et Logan George, le film suit une fillette de six ans, « en charge de son petit frère et de sa petite sœur en pleine canicule, un été au Texas » nous dit le synopsis. Dans le décor ensoleillé d’une voiture surchauffée, une petite fratrie touchante et prometteuse. Comme en présagent les quelques minutes du trailer de Caroline, devenir grand implique souvent de construire une histoire autour du thème de la famille.
La relation parents-enfants, notamment, est un sujet abordé dans deux autres courts. Toutes ces créatures en parlent par le biais des souvenirs d’un adolescent sur son père, et Duality l’explore au cours d’un voyage d’une mère et de son fils. Mais grandir peut aussi être un parcours solitaire. C’est le cas de Gabriel ou de On the Border dans lequel le réalisateur mène son personnage vers une « errance émerveillé ».
Par leur brièveté, ces huit petits films racontent ainsi avec éloquence l’être humain à tous les âges et inspireront, par leur performance narrative, tous les amoureux d’histoires courtes.
Julia Garel
Liste complète des courts-métrage, sélection Festival de Cannes 2018 :
Toutes ces créatures (All These Creatures) – Charles William (Australie)
Caroline – Celine Held et Logan George (Etats-Unis)
Duality – Masahiko Sato, Genki Kawamura, Yutaro Seki, Masayuki Toyota, Kentaro Hirase (Japon)
Gabriel – Oren Gerner (France)
III – Marta Pajek (Pologne) (animation)
Judgement – Raymund Ribay Gutierrez (Philippines)
Tariki (Umbra/Ombre) – Saeed Jafarian (Iran)
On the Border – Wei Shujun (Chine)