Nathanaëlle Herbelin, peintre du temps suspendu à la galerie Jousse

Peut-être n’avons-nous pas vu ce que nous aurions dû voir ; peut-être n’avons-nous jeté qu’un regard approximatif sur les choses qui nous entourent et que même au plus près nous sommes passés à côté. C’est cette intimité rapprochée que peint Nathanaëlle Herbelin dont une vingtaine de toiles sont exposées à la Galerie Jousse à Paris jusqu’au 24 juillet.

Souvent inspirée par la littérature, son geste de peintre, par larges touches, dépasse la visée documentaire pour plonger dans l’émotion d’un regard narratif. Elle peint nos intérieurs, nos solitudes intimes, les instants d’abandon de couples entre sieste, discussion ou étreinte. La solitude est là, mais l’atmosphère, à la manière d’Edward Hopper est suspendue à son infinie douceur. Quelqu’un va arriver et briser le silence. Un homme va répondre à l’appel, parler à un chien, entrer dans le salon. L’agencement de la pièce va trouver à qui parler, faute d’avoir été assez regardé par les protagonistes d’une histoire à compléter.

Et peut-être que ces choses n’ont jamais eu lieu
Un chien qui aboie, questions relatives au territoire divisé

Sur un lit un couple se parle l’après-midi, une femme est encore dans sa baignoire, un canapé semble attendre sous deux climatiseurs. Toutes ces scènes extraites d’un carnet de croquis de la vie quotidienne nous restituent la sensation du temps qui passe et de la simplicité infinie du présent.

N’est-ce pas ce que nous attendons de la peinture finalement ? Nous redonner à voir, en mieux, ce que nous ne savons plus regarder ?

Danièle Pétrès

L’Ecrivain

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