Arthur Mineur est un écrivain dont le premier livre a bien marché et les suivants pas tellement. Peu porté sur l’esprit de sérieux et beaucoup sur une certaine forme de dévalorisation, il ne se croit pas assez intéressant pour retenir son jeune amant, qui a décidé de se marier avec un autre, probablement sans conviction.
« Les tribulations d’Arthur Miner », prix Pulitzer 2018, qui vient de paraître aux éditions Jacqueline Chambon, nous entraîne dès lors dans la fuite de son héros pour ne pas affronter ce mariage.
Et que fait un écrivain pour fuir son quotidien ? Il accepte toutes les invitations de résidences d’artistes, de conférences à l’étranger et d’interviews, ce qui lui permettra de fêter ses cinquante ans tout en n’étant pas au mariage du jeune Freddy Pelu. Le roman devient alors une forme de voyage initiatique entre l’Italie, Berlin, le Japon, le Maroc et l’Inde ou peu à peu l’écrivain va retrouver ce qui lui manque : une certaine forme de simplicité, la conscience d’une certaine lassitude à se comparer à des écrivains plus doués, et la reconnaissance qu’il est digne d’être aimé (donc d’aimer à son tour).
Ce roman assez humoristique a été comparé au Journal de Bridget Jones outre Atlantique, quoi qu’Arthur Mineur ayant 50 ans et non 30, l’absurdité de ses peurs et questionnements est davantage lestée de tragique (il s’agit d’aborder la dernière partie d’une vie dont on ne va plus pouvoir changer grand-chose). Mais au final, notre héros s’apercevra qu’il peut encore changer quelque chose : accepter qui il est (un auteur pas si mineur que ça), et accepter ce qui lui est donné. En l’occurrence, l’amour de son ancien compagnon. Il lui faudra beaucoup de péripéties pour qu’il le comprenne.
Un feel-good book, dont voici ce qu’en a dit le jury du prix Pulitzer : Less est un « livre généreux, musical dans sa prose et expansif dans sa structure et son message, qui parle de la vieillesse et de la nature essentielle de l’amour ». Le roman a été classé parmi les meilleurs livres de l’année 2017 du New York Times et du Washington Post.
DP
Andrew Sean Greer « Les Tribulations d’Arthur Mineur » (traduit de l’anglais « Less » par les éditions Actes Sud). Editions Jacqueline Chambon, janvier 2019.