140 ² la révolution en 140 tweets ou les Lendemains qui gazouillent (roman paru aux Editions Louise Bottu, collection Contraintes, 2014)
« On dit qu’il faut un début à tout. Entendre il faut un début à rien. Contre l’angoisse du rien : l’impérieuse nécessité : faire des histoires ».
Marc-Emile Thinez
Engagez-vous, rengagez vous qu’ils disaient, Marc-Emile Thinez est un Bardamu sans guerre, un Célinien sans transatlantique, un Godot sans Beckett, alors il fait sa révolution de mots pour aller voir là où il est.
En 140 fois 140 caractères, il met en aphorismes le roman d’un monde dont on ne sait s’il faut courir pour le rattraper, ou le fuir pour retrouver l’énergie de sa propre course.
Parodie de la modernité, éloge de la référence (Chamfort, Zatopek, René Girard), l’humour et la distance sont de mise pour ce passage à tabac en forme de contre-culture du tweet dont le gazouillis se perd dans l’algorithme du monde.
Pour ce recueil de 140 messages écrits sous la contrainte, je n’en adopterai aucune pour citer trois passages arbitrairement choisis qui m’ont fait rire, du côté de Cioran :
37
Révolution, projet de se changer soi-même, dont on est insatisfait. Mais on ne se refait pas. Comme on ne se refait pas, on refait le monde.
37 bis
Se refaire, soi ? Imiter l’image qu’on se fait de l’autre, désirer ce qu’on s’imagine qu’il désire, tout soi est là. JT imitant René Girard.
43
L’Homme archaïque se cherchait ailleurs, le moderne n’a nulle part où aller et se demande d’où il se rend compte qu’il n’a plus lieu d’être.
La lucidité n’exclut pas la bonne humeur.
À découvrir de toute urgence sur le site de l’éditeur Louise Bottu, avec le Dictionnaire de trois fois rien suivi d’un dictionnaire de rien du tout.
Danièle Pétrès