Les auteurs actifs dans les communautés en ligne et les forums d’auteurs, le constatent : il est souvent question de bêta-lecture. S’agit-il d’une nouvelle pratique ou d’une simple mode ? A quoi servent réellement ces bêta-lecteurs ? L’Inventoire a mené sa petite enquête pour vous.
Qu’est-ce qu’un bêta-lecteur ?
En informatique, le bêta logiciel est la version d’un logiciel destinée à être testée et améliorée avant qu’une version corrigée ne soit mise sur le marché.
Le bêta-lecteur lui, accède à une version non définitive de votre manuscrit, la plupart du temps une œuvre de fiction. Il va relire le texte en se concentrant sur la qualité de son contenu et vous fera un retour critique. Sa lecture vise à vérifier la cohésion du récit, la cohérence des personnages, la construction de l’intrigue, etc.
Certains bêtas lecteurs corrigent également les fautes d’orthographe et de syntaxe.
Pourquoi avoir recours à des bêtas-lecteurs ?
L’écriture est un travail solitaire. Il est difficile de porter un regard objectif sur son propre travail. Vous pouvez douter de l’utilité de certains passages, vous interroger sur un rebondissement, la véracité d’un personnage, etc. C’est pourquoi, les auteurs ont besoin de premiers retours sur leur texte avant de l’envoyer à des éditeurs traditionnels ou de s’autopublier.
Les auteurs ayant suivi des ateliers d’écriture savent combien les retours d’un animateur d’atelier ou des autres participants peuvent être précieux pour améliorer un texte.
Les bêta-lecteurs portent donc un regard extérieur sur le texte, ils vous proposent un premier retour sur votre manuscrit.
Quels sont les différents types de bêtas-lecteurs ?
Sans être des lecteurs professionnels, les bêta-lecteurs sont souvent de grands lecteurs et parfois également être des auteurs.
Une fois le manuscrit terminé, Stephen King en confie la lecture à sa femme. Elle est son tout premier bêta-lecteur. L’écrivain estime que six à huit bêta-lecteurs suffisent pour obtenir un retour satisfaisant. Avoir trois bêta-lecteurs est un minimum.
L’auteur sollicite souvent son cercle d’amis et sa famille. Être objectif et critique s’avère parfois délicat pour eux. Vous risquez d’obtenir des avis trop complaisants, voire incomplets ou des commentaires relevant de la pure diplomatie.
Choisir un bêta-lecteur, parmi les proches, demande de faire abstraction du lien affectif le temps du travail sur le manuscrit.
Le deuxième cercle de relations est une autre source où recruter des bêta-lecteurs. Il est composé de connaissances qui écrivent et des grands lecteurs de l’entourage.
Les contacts sur les réseaux sociaux et sites de communautés de lecteurs et auteurs s’avèrent également fructueux pour vous trouver des bêta-lecteurs.
Dans les communautés d’auteurs en ligne, les échanges Lis-moi et je te lirai (et vice versa) sont monnaie courante. Ils vous permettront d’obtenir un regard extérieur et parfois de construire une relation d’enrichissement mutuel sur l’écriture et la lecture.
L’atelier d’écriture est un moyen efficace de rencontrer des bêtas-lecteurs. Dans ce cadre l’auteur est amené à lire ses textes et reçoit des retours immédiats sur son travail de la part des autres participants et de l’animateur. Ces retours sont précieux car ils émanent de personnes qui s’intéressent à l’écriture sans forcément partager les mêmes univers et les mêmes préoccupations littéraires que vous. Ces ateliers offrent également la possibilité à l’auteur d’entendre ses textes lus par d’autres. Cela permet parfois de déceler immédiatement des problèmes de concordance du temps, des passages du récit ne fonctionnent pas bien ou sont moins aboutis que d’autres.
La dernière catégorie, moins courante, est constituée des offres de bêtas-lectures payantes. Ils incluent généralement dans leur prestation les corrections orthographiques et grammaticales du manuscrit.
Comment bien choisir son/ses bêta-lecteur(s) ?
Il est utile à l’auteur de vérifier si ses affinités littéraires correspondent à celles du bêta-lecteur. Il existe une forte probabilité qu’un lecteur assidu de Marguerite Yourcenar, Marcel Proust et Louis-Ferdinand Céline ne soit pas conquis par votre prose si vous vous inscrivez dans la veine de Marc Lévy ou Guillaume Musso, et vice versa !
Une relation de confiance entre l’auteur et bêta-lecteur est primordiale. Les auteurs considèrent parfois leur manuscrit comme leur bébé et son accouchement peut avoir été difficile.
Tous les avis ne se valent pas. Seuls les retours de lecture argumentés et développés vous seront utiles. Un « c’est génial », « vraiment sympa ton roman » flatteront votre l’égo mais ne vous aideront aucunement à améliorer votre manuscrit.
Plus l’auteur sera précis sur ses attentes, mieux cela se passera. Vous avez donc tout à gagner à expliquer au bêta-lecteur ce vous attendez exactement de lui. De son côté, le bêta-lecteur évitera les malentendus en étant clair sur le type de relecture qu’il est en capacité d’effectuer et le temps qu’il peut y consacrer.
Trouver quelques bêtas-lecteurs fidèles, qui d’un manuscrit à l’autre suivent l’auteur, est l’idéal. Leur connaissance et la compréhension de votre univers, de votre style, de certaines de vos faiblesses, permettront d’élaborer des retours sur le manuscrit de plus en plus poussés et pertinents.
Que faire des remarques du bêta-lecteur ?
Parfois certains passages — bien qu’ils n’apportent rien au récit — tiennent à cœur à l’auteur parce qu’il a passé du temps à les écrire. Il est alors compliqué de se l’entendre dire. Vous devez savoir prendre du recul sur son texte.
Les bêta-lecteurs peuvent également être maladroits ou tenir des propos inappropriés. Par exemple, ils n’apprécient pas votre personnage car ils sont en désaccord avec ses faits et gestes et suggèrent de modifier sa personnalité ou de la supprimer. Établir un dialogue de qualité est primordial afin de creuser le bien fondé des remarques, de juger si un ajout, une modification ou une suppression est nécessaire.
Si plusieurs lecteurs pointent du doigt une même incohérence, cela vaut la peine de s’interroger sur la pertinence de retravailler ce point.
Dans d’autres cas, l’auteur s’interroge sur la crédibilité d’un personnage, ou la cohérence de l’intrigue et s’en trouve conforté par l’avis du bêta-lecteur.
Au final c’est toujours vous, auteurs qui aurez le dernier mot !
Nathalie Hégron